Place à la jeunesse avec Jonathan Ruque

Pur produit haut-savoyard, Jonathan Ruque s’est rapidement imposé cette année dans le collectif du FC Annecy en Nationale 1. Après un départ sur les chapeaux de roues, avec une 1ère place au classement, il revient, non seulement, sur le début de saison de son équipe, mais également sur son parcours et ses envies.

Benjamin : Peux-tu te présenter ?

Jonathan : J'ai 21 ans, je suis né le 22 mai 2000 à Annecy où je vis depuis toujours. Je suis joueur de football au FC Annecy en Nationale 1. Auparavant, j’ai commencé le foot à 5 ans au club de Vallières (ndrl : GFA Rumilly), puis je suis arrivé à Annecy à l’âge de 10 ans, et j’ai fait toutes mes classes foot jusqu’à la catégorie séniors ou je suis actuellement. En termes d’études, j’ai validé un BTS Négociation de la Relation Client.

Benjamin : Comment est-ce que tu es devenu footballeur ?

Jonathan : On ne peut pas vraiment dire que c'était un sport familial, car mon père a fait beaucoup de vélo et de judo. Tout simplement, depuis que je suis tout petit, j'ai un ballon dans les pieds. Je passais tout mon temps dans le jardin à essayer de jouer au football et mes parents ont décidé donc par la suite de m'inscrire dans un club, c'était un peu comme une évidence pour eux (rires). Benjamin : Es-tu encore étudiant ? Où as-tu un métier à côté du football ?

Jonathan : J'ai terminé mes études cette année et j'ai signé désormais un contrat fédéral avec le club du FC Annecy ce qui signifie que je ne fais que du football, c'est mon travail à plein temps.

​Benjamin : Du coup quel est ton programme d'entraînement, à quoi ressemble le planning d'un joueur pro ?

Jonathan : On a beaucoup d'entraînements, par exemple le lundi matin nous nous retrouvons tous au petit déjeuner environ 1h30 avant le début de l'entraînement, afin de se préparer et de s'échauffer tranquillement. Ensuite, nous nous entraînons également le lundi après-midi ce qui nous fait 2 entraînements dans la journée. Concernant les autres jours nous entraînons le mardi matin, le mercredi matin, le mercredi après-midi, et le jeudi après-midi, en veille de match. Concernant la musculation j'ai 3 séances de prévues dans la semaine : le lundi matin, le mardi matin et le mercredi matin.

Benjamin : Tu as seulement vingt-et-un an, et tu joues déjà en National 1 (3e division nationale), aurais-tu espéré ça un jour ?

Jonathan : On peut effectivement dire que c'est allé très vite. En cours d'année dernière, l'équipe Nationale 1 faisait des résultats plutôt moyens, et le coach a décidé de me lancer alors que j'évoluais en Régionale 2, à savoir beaucoup de divisions en dessous. Donc le saut dans le grand bain a été très rapide, mais j'ai su plutôt bien m'adapter, en témoigne aujourd'hui ma présence dans le groupe, un an après !

​Benjamin : Quel poste joues-tu au football ?

Jonathan : Je joue latéral droit. Comment je suis arrivé à ce poste ? À vrai dire je ne sais pas trop, je n'ai jamais eu une véritable passion pour le poste de défenseur. Lorsque nous étions petits, nous voulions tous jouer attaquant. On va plutôt dire que c'est un coach qui m'a lancé à ce poste de latéral droit quand je suis arrivé à Annecy. Je suis passée d'abord du rôle d'attaquant, puis de milieu de terrain, et enfin défenseur latéral droit. Comme disait mon coach j'avais le profil d'un « latéral moderne », donc j'ai poursuivi dans cette voie et ça a payé et, ça paye encore aujourd'hui. Je définirais le poste de latéral moderne comme un joueur, qui à la base a une vocation plutôt défensive, qui participe beaucoup au jeu offensif de son équipe. C'est un joueur relativement important qui peut à la fois défendre et attaquer et qui peut être 2 fois plus redoutable pour ses adversaires.

Benjamin : Lorsque tu es arrivé en National 1, qu'est-ce qui t'a le plus surpris, est-ce plutôt le côté physique, technique ou la vitesse de jeu ?

Jonathan : Très clairement, les contacts les duels physiques m'ont énormément impressionné. Les chocs sont de plus en plus rudes, c’est pour cela que la musculation n’est pas à négliger. Après, certes, d'un point de vue technique j'ai eu l'occasion et le privilège de côtoyer des joueurs qui venaient du très haut niveau, et j'ai pu m’acclimaté beaucoup plus vite dans ce domaine-là. En revanche je ne m'attendais pas à ce que la dimension physique soit aussi importante à ce niveau-là dans le football.

Benjamin : En même pas 2 mois, tu es passé de jouer avec des joueurs amateurs à évoluer avec des anciens professionnels de très haut niveau qui ont joué en Ligue 1, comme Kashi, Pinto Borges et Le Tallec. Est-ce que le changement n'a pas été trop dur ?

Jonathan : Franchement, non. L’acclimatation n'a pas été trop dur. Ce sont des joueurs de très haut niveau, qui ont l'habitude justement d'intégrer des petits jeunes au groupe. Mais en soi je n'étais pas plus impressionné que ça, mon seul objectif c'était vraiment de pouvoir répondre aux attentes du coach, et de pouvoir pleinement le satisfaire, pour pouvoir espérer évoluer en équipe première avec Annecy

Photos : Respectivement Ahmed Kashi, Anthony Le Tallec et Steven Pinto Borges.

​Benjamin : Selon toi, quel sont tes qualités et tes défauts en tant que footballeur ?

Jonathan : Concernant les défauts, je suis un joueur que l'on pourrait qualifier de « tendre » sur certaines actions défensives, du coup c’est un très gros point que je dois travailler. Pour un défenseur, c'est un domaine primordial qu'il faut savoir maîtriser. Pour mes qualités, je pense avoir une plutôt bonne détente, un bon jeu de passes et une bonne pointe de vitesse. Je fais constamment le maximum pour produire les efforts, ce qui pourrait être très important pour moi et très intéressant aux yeux d'un coach.

Benjamin : Une idée sur ton avenir ?

Jonathan : J'ai un seul objectif, c'est de pouvoir continuer de vivre du football, gravir le plus d’échelons possibles, et pouvoir espérer évoluer en Ligue 2 d'ici quelque temps, voire plus si mon niveau et mon travail me le permettent. Au-delà de ça, j'ai toujours voulu travailler dans le monde du sport, et tous ces métiers d'agent sportif, directeur sportif m'ont toujours intéressé donc pourquoi pas envisager une carrière dans ce domaine. Certes c'est large, mais tu comprends que tout ce qui touche au football m'intéresse (rires).

Benjamin : Le FC Annecy fait un début de saison exceptionnel (9 victoires, 1 nul, 1 défaite), quels sont les objectifs du club cette année ?

Jonathan : On ne va pas se leurrer, l'objectif reste clairement le maintien, nous ne sommes à l'abri de rien, la saison est encore longue donc le plus important c'est de gagner le plus de matchs possibles et le plus rapidement possible pour se mettre le plus vite à l'abri. Si on veut réussir, on doit rester focus sur un seul objectif on ne va pas commencer à s'éparpiller, ce serait trop préjudiciable pour nous.

Benjamin : Quel est le type d'adversaire le plus dur à affronter selon toi ?

Jonathan : Selon moi, il est très difficile d'affronte, lorsque tu es défenseur, un adversaire très technique et qui cherche beaucoup le un contre un. Les duels sont très durs à négocier, donc ce n'est jamais de tout repos d'affronter un joueur qui constamment cherche l'affrontement.

Benjamin : Pour toi cette année quelles sont les qualités du Football Club d’Annecy?

Jonathan : Ce qu'on peut noter cette année, c'est un groupe très homogène et qui met une énorme intensité dans tout ce qu'il fait, que ce soit à l'entraînement ou en match. Il y a un groupe de qualité, donc tout le monde élève son niveau afin de gagner sa place dans le groupe, car la concurrence interne est très forte. Enfin, nous avons connu tellement de difficultés en début de saison dernière avec un regain d'énergie dans la 2e partie de saison, que nous savons à quoi nous attendre, et nous voulons à tout prix continuer à surfer sur cette spirale positive. Ce qu'il faut également noter c'est que nous sommes passés d'un groupe de 34 joueurs, à un groupe de 24-25, donc le tri a été fait et nous pouvons donc travailler dans les meilleures conditions possibles. Nous avons eu des départs, et les nouveaux arrivants se sont très vite adaptés à ce nouveau système donc ce qui a favorisé la bonne entente sur le terrain.

​Benjamin : D'un point de vue général, quelles sont les qualités nécessaires qu’un jeune footballeur doit avoir qu'il puisse réussir a évolué dans le haut niveau footballistique ?

Jonathan : Il faut d'abord une bonne hygiène de vie, en effet, il est très important d'avoir un bon sommeil, une bonne alimentation, et surtout une très bonne récupération, ce qui nous permet d'avoir beaucoup d'énergie. Ensuite, lorsque l'on est jeune surtout, il faut toujours travailler plus. Certains ont peut-être du talent mais le talent n'est pas infini, ceux qui travaillent le plus réussiront le plus. La chance, il faut savoir la provoquer.

Benjamin : Enfin, penses-tu qu'il est possible de pouvoir concilier études et football à haut niveau ?

Jonathan : Les exigences du football sont énormes. Plus tu souhaites évoluer à haut niveau, plus tu auras des entraînements, des séances de musculation, et il faut associer à tout cela, toute la partie transport qui prend énormément de temps et d'énergie sur une journée. C'est pour cela que pour ma part, j'ai eu le privilège de pouvoir être en sport-étude, c'est à dire un processus qui me permet de pouvoir concilier mes études, que je réalisais le matin, et le football, qui me prenait mes après-midis. Pour réussir dans le sport, il faut être consacré à 100%, et je ne pense pas que réaliser des études ou avoir un travail à côté, aille dans ce sens. Mais attention, nous avons déjà vu certains sportifs réaliser de hautes études, ainsi que pratiquer le football, ou tout autre sport, au plus haut niveau possible. C'est juste une question d'organisation de rigueur mais beaucoup de motivations surtout.

Le 26 octobre 2021. Propos récoltés par Benjamin Deschamps. Design par Lucie Vanlian. Tous droits réservés

Droit d'image : @ruquejonathan (Instagram)