Annaëlle Deshayes : "Le Rugby c'est comme ma famille"
- Benjamin Deschamps
- 23 nov. 2021
- 4 min de lecture
Joueuse au LOU Rugby, Annaëlle Deshayes évolue également au poste de pilier droit en équipe de France depuis près de 5 ans. Avec déjà une Coupe du Monde à son actif en 2017, elle fait partie des cadres des bleues à moins d'un an de la prochaine CDM en octobre 2022. Découvrons son parcours et ses envies pour les suites de sa carrière !

Benjamin : Qu’est-ce qui t’as amené à pratiquer le rugby ?
Annaëlle : Avant de commencer le rugby je pratiquais la danse et de l’athlétisme. Mon père est un ancien rugbyman donc nous regardions souvent les matchs à la télévision. Un jour, nous nous sommes dit avec mon frère que nous aimerions essayer et je n’ai pas arrêté depuis.
Benjamin : Qu’est ce qui te fascine dans ce sport ?
Annaëlle : Je suis, sans hésiter, fascinée par l’esprit d’équipe et la solidarité instaurée entre les joueuses sur le terrain. Il y a certes de la concurrence, mais c’est une concurrence saine. C’est fou ! Le rugby c’est comme une famille, lorsque je retourne dans mes anciens clubs, je connais tout le monde. C'est unique au rugby ce phénomène la !

Benjamin : Tu côtoies le haut niveau et tu es en Équipe de France, pensais-tu en arriver là mais surtout, pensais-tu pouvoir participer un jour au Tournoi des Six Nations ?
Annaëlle : Pas du tout (Ndlr : rires). En 2016 j'évoluais dans la catégorie des moins de 20 ans. Je me disais qu'à la fin de ma saison à Caen, ma carrière s'arrêterait. A l'époque, c’était un rêve impossible d’être sélectionnée pour l’Équipe de France aux côtés d’incroyables joueuses telles que Julie Duvalle. Je pensais ne pas avoir le niveau, surtout que nous étions en pleine Coupe du Monde. Mais, en novembre 2016 je reçu un message de la part de Nathalie Janvier, sur mon répondeur téléphonique, me demandant d’intégrer l’Équipe afin de préparer le match France-Angleterre. Je n’en revenais pas, je l’ai réécouté plusieurs fois pour en être certaine, je l’ai même fait écouter à mes coéquipières !(Ndlr : rires).

Benjamin : Généralement, à quoi ressemblent tes semaines d’entrainement ?
Annaëlle : Les lundis, mardis et jeudis matin, nous avons souvent une séance de musculation. Les soirs plutôt des entrainements de techniques individuelles ou des entrainements avec l’équipe sur la pelouse. Le mercredi je fais une séance de fractionné. Le vendredi matin, je me planifie une séance d’appuie ou de vitesse et le soir nous avons un entrainement de mise en place avec le club.
Benjamin : As-tu un métier à côté ?
Annaëlle : 2021 devait être une année à Coupe du Monde, je me suis donc mise à 100% avec le rugby. Comme cela n’a pas eu lieu, j’ai repris mes études en licence de mathématiques.

Benjamin : Nous pouvons constater une mise en avant constante de la part des médias du rugby féminin. Qu’en penses-tu ? A ton avis, est-il médiatisé à sa juste valeur ?
Annaëlle : En regardant quelques années en arrières, c'est vrai qu'il y a eu un réel progrès. Avant, nous étions peu diffusé voir pas du tout. Nous étions sur France 4, maintenant nous sommes de plus en plus visibles sur Facebook Live, France 2 et Eurosport. C’est déjà une grande amélioration. Les matchs sont de plus en plus intéressants sportivement donc les audiences sont sans cesse en augmentation, c’est bon signe.
Benjamin : L’Équipe de France féminine s’émancipe énormément ces dernières années. Vous faites partie des meilleures équipes du monde. Avez-vous reçu un accompagnement plus poussé pendant vos formations ?
Annaëlle : Après 2017 nous avons reçu nos premiers contrats à 50% nous permettant de nous libérer pas mal de temps. L’an dernier nous sommes passées à 75%. Nous pouvons nettement constater que le rugby féminin est de mieux en mieux considéré auprès de la Fédération. Cela nous permet de consacrer plus de temps à nos entrainements pour être performantes sur le terrain.

Benjamin : Quelles sont d’après toi, les qualités nécessaire pour être une grande joueuse de rugby ?
Annaëlle : Pour exceller je pense qu’il faut être volontaire et humble.
Benjamin : Est-ce que tu remarques une évolution au niveau des entrainements depuis ces dernières années ?
Annaëlle : Puisque nous avons plus de temps, nous travaillons davantage sur la musculation et sur la préparation physique mais surtout sur le travail de technique individuelle. Cela nous permet d’améliorer notre jeu.
Benjamin : Comment imagines-tu l’évolution du rugby féminin sur les 10 prochaines années ?
Annaëlle : Depuis 2017 et l’arrivée des contrats, notre jeu est en nette amélioration et les mœurs évoluent. Je pense que les clubs féminins vont se professionnaliser. Cela prendra du temps puisque tout à un coût et les clubs n’ont pas forcément les fonds nécessaires.
Benjamin : Comment arriverais-tu à convaincre à une petite fille de venir tester un entrainement de rugby malgré les préjugés ?
Annaëlle : Je lui dirais de regarder le rugby féminin, ce n’est pas parce que c’est un sport à majorité masculine que la femme n’y a pas sa place. Si tu veux découvrir un sport, personne ne doit te détourner de ton chemin.
Le 23 novembre 2021. Propos récoltés par Benjamin Deschamps. Retranscription et design par Lucie Vanlian. Tous droits réservés
Images prélevées sur Google Image.
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