Jérome Fernandez : "Le Handball c'est ma vie, ma passion"
- Benjamin Deschamps
- 22 juin 2021
- 5 min de lecture
Recordman du nombre de buts en équipe de France avec plus de 1 400 buts, ancien entraineur et désormais consultant, Jérôme Fernandez fait partie de la génération dorée du handball français. C’est avec un immense plaisir que je vous présente son incroyable parcours, sa reconversion, ainsi que son amour de toujours pour le handball.

Benjamin : Peux-tu te présenter et nous expliquer tes missions en tant que consultant sportif ?
Jérôme : Je joue au handball depuis tout petit et j’ai été professionnel pendant les années 90 et ce jusqu’en 2017. Vers la fin de ma carrière sportive, j’ai passé des diplômes pour devenir entraineur. Pendant 4 ans, j’ai entrainé le club de Aix-En-Provence. Ça a été ma première aventure en tant qu’entraineur. Suite à la pandémie, le président du club a voulu changer l’organisation des services et a décidé de se séparer de moi. Je me suis donc retrouvé sans contrat. J’ai été sollicité par Eurosport pour commenter la Ligue des Champions suite à leur achat de droits TV pour 6 saisons. J’avais déjà exercé ce métier pour France télévision lors des Jeux Olympiques de Rio en 2016. Être consultant me permettait de rester dans le milieu du handball en suivant les grands matchs.
"Pour être consultant il faut connaitre parfaitement les rouages de ce jeu collectif"
Benjamin : Tu as déjà eu une petite expérience avec France TV. Est-ce toi qui sollicites les chaînes pour des contrats où ce sont elles qui prennent directement contact avec toi ?
Jérôme : Depuis le début, ce sont les chaînes qui me sollicitent. En 2015, au moment où France Télévision m’a contacté, je venais d’effectuer un stage avec l’équipe de France et je n’avais pas encore prévu d’arrêter ma carrière ou de ne pas aller à Rio. J’attendais donc de voir si j’allais être choisi pour prendre une décision : si j’étais sélectionné ils pourraient prendre quelqu’un d’autre mais si Claude Onesta ne me sélectionnait pas pour les Jeux Olympiques, je travaillerais avec eux. Quelques mois après, J’ai rencontré l’équipe France TV lors du tournois de Roland Garros et étant donné que je n’étais pas pris aux Jeux, nous avons conclus un accord dès le mois de juillet.

Benjamin : Si tu n’avais pas été joueur professionnel, est-ce que tu te serais orienté vers ce métier ?
C’est quelque chose qui m’aurait énormément plus mais le fait d’avoir eu une belle carrière en tant que joueur et d’avoir été confronté aux médias pendant quelques années fait que je suis beaucoup plus à l’aise au micro, dans l’élocution et surtout je connais par cœur mon sport. Pour être consultant il faut connaitre parfaitement les rouages de ce jeu collectif.
Benjamin : Rentrons plus dans le vif du sujet. A quoi ressemble ton quotidien, comment prépares-tu tes passages de direct ?
Jérôme : Avec les deux journalistes avec lesquels je travaille, nous discutons ensemble de l’actualité et de l’état de forme des équipes que nous allons commenter. Je réfléchis ensuite à des anecdotes à raconter sur des joueurs, des anciennes équipes dans lesquelles j’ai joué, des entraineurs, etc. Il y a un vrai travail de recherche en amont. Ensuite c’est assez facile puisque nous sommes dans un échange constant.

Benjamin : Je devine que c’est un métier complexe. Qu’est-ce qui est le plus dur à gérer lors d’un live ?
Jérôme : Il faut savoir que nous commentons en cabine depuis Paris. Nous ne sommes pas dans les salles et en plus de cela, nous sommes séparés. C’est difficile de gérer les temps de paroles puisque nous ne pouvons pas nous faire de signe. Nous commentons uniquement ce que nous voyons à l’écran donc nous n’avons pas la vision globale du banc de touche ou des actions hors caméra par exemple.
Benjamin : Quelles sont les qualités d’un bon consultant ?
Jérôme : Il faut connaitre parfaitement son sujet, sa discipline, les acteurs qui sont sur le terrain pour avoir des infos et saisir l’état d’esprit des joueurs. Je dirais aussi qu’il faudrait être audible par tous les auditeurs sans être trop technique pour ne pas les perdre. L’objectif reste tout de même d’essayer de parler au plus grand nombre.

Benjamin : Combien de temps te faut-il pour préparer un live ?
Jérôme : Je dirais 1 ou 2 heures. Je visionne 1 ou 2 matchs joués par les équipes et d’aller à la pêche aux infos. Les réseaux sociaux me permettent de rester informé quotidiennement et naturellement de l’actualité.
Benjamin : Maintenant que tu es consultant est-ce que tu te verrais évoluer vers un autre poste dans la télévision, continuer ici ou peut-être reprendre le coaching d’équipe ?
Jérôme : Etant passionné, j’espère retrouver un projet d’entraineur mais les possibilités sont assez réduites en ce moment. Je cherche un projet ambitieux qui ne m’oblige pas à déménager car ma femme travaille à Aix-en-Provence et mon fils actuellement en 4e et veut rester dans le coin. Lorsque j’ai des sollicitations, je fais attention à cela car ma famille est ma priorité. Je veux donc choisir le bon projet pour rebondir en accord avec ma vie personnelle.
Benjamin : Quel a été ton meilleur souvenir en tant que consultant ?
Jérôme : Cette année j’ai eu la chance de vivre la victoire de Nantes à Kiel. L’équipe a fait des choses très justes avec beaucoup de jeunes joueurs. Il y a aussi eu le match de Nantes à Barcelone. Ils ont perdu mais se sont accrochés de A à Z. je me régale quand je vois du beau jeu et que les directives du coach sont pertinentes.

Benjamin : À une période tu étais entraineur-joueur. Peux-tu nous en dire plus ?
Jérôme : Oui (rires), c’était un peu compliqué puisque j’ai signé en 2015 à Aix-En-Provence et au bout de 3 mois le coach a été démit de ses fonctions. Comme j’avais un contrat pour l’année d’après, les dirigeants m’ont proposé de devenir entraineur-joueur pendant quelques mois. Cela ne devait d’abord durer que jusqu’à la fin de saison, mais finalement j’étais encore en pleine capacité et ils m’ont proposé de faire une année supplémentaire. J’ai dû passer le D.E.S (Diplôme Entraineur Sportif) qui m’a demandé beaucoup de travail. J’avais des dépenses énergétiques similaires autres joueurs mais à côté, je préparais les plannings d’entrainement ainsi que mes examens pour le diplôme.
Benjamin : Comment fais-tu pour prendre du recul avec tes deux casquettes de joueur et d’entraineur ?
Jérôme : Les premiers mois j’étais titulaire car j’étais le meilleur à mon post. Heureusement j’avais un adjoint qui m’alertait de certains détails. La saison suivante j’ai expliqué à mes dirigeants que je ne rentrerais que lorsqu’il n’y avait plus de choix. C’était plus simple pour moi de gérer l’équipe.

Benjamin : Est-ce coacher est pour toi une vocation ?
Jérôme : Vers 28 ans c’est devenu une évidence. Avec une famille de joueur, entraineur et arbitre comme la mienne, c’était pour moi assez naturel de passer par toutes ces étapes. J’ai toujours eu dans un coin de ma tête l’envie d’entrer dans un club, d’être dirigeant ou même d’être à la fédération. Tout m’intéresse mais c’est une question de timing. Le handball c’est ma vie, ma passion.
Benjamin : J’ai vu que tu as marqué près de 1400 buts en équipe de France. Comment arrives-tu à rester aussi régulier ?
Jérôme : Lorsque l’on est un passionné les choses deviennent plus simples. Au fur et à mesure de l’évolution de ma carrière, j’ai appris à mieux me connaitre. À force de connaitre mon sport et mes équipes adverses, je suis devenu plus régulier. J’ai aussi amélioré mon hygiène de vie ainsi que mon alimentation.
Le 22 juin 2021. Propos récoltés par Benjamin Deschamps. Mise en page par Lucie Vanlian. Tous droits réservés
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