Coupe de France 2021 : Jocelyn Gay dans la cours des grands
- Benjamin Deschamps
- 6 mai 2021
- 7 min de lecture
À quelques jours de la demi-finale historique de la Coupe de France où le GFA Rumilly Vallière affrontera l'AS Monaco, nous partons à la rencontre de Jocelyn Gay, milieu droit du GFA âgé de 20 ans. Il nous confie la manière dont il aborde ce match ainsi que son parcours sportif.

Benjamin : Peux-tu me parler de toi, te présenter en quelques phrases ? Jocelyn : J’ai 20 ans et en parallèle du football je fini ma licence 3 en STAPS. J’ai passé mes examens récemment et j’attends mes résultats pour valider ma licence. J’ai rejoint le GFA Rumilly-Vallières en National 2 il y a maintenant 1 an et demi en tant que milieu de terrain mais aussi en tant qu’éducateur des U13. Benjamin : Le sport est un peu le mot d’ordre de ta famille entre ta sœur qui fait du handball et toi au football, pourquoi avoir commencé ce sport ? Jocelyn : Mon père et mon grand-père sont des fans de vélo donc ce n’était pas un sport encré dans ma famille on va dire, mais j’habitais en face d’un City stade. Tu peux donc deviner que j’allais souvent taper des balles à la sortie de l’école et les week-ends. J’ai commencé à l’âge de 5-6 ans en effectuant toutes mes classes au FC Annecy, de la catégorie U13 jusqu’en réserve de National 2. Il faut savoir qu’avant d’aller au GFA j’ai entamé mon année en vue d’accéder à l’équipe 1 du FC Annecy. Suite à une blessure j’ai dû faire une pause et à mon retour les entraineurs ont décidé de me mettre en réserve. J’ai donc pris l’initiative de rejoindre Rumilly dans la foulée.
"Notre équipe est caractérisée par sa grande sérénité et sa vraie solidité défensive"
Benjamin : Tu es titulaire en milieu de terrain en National 2 à seulement 20 ans. Est-ce que tu t’attendais à ça aussi vite ? Jocelyn : Non je ne m’imaginais pas être titulaire si rapidement sachant qu’en début de saison j’ai eu du mal à me faire ma place au sein du groupe car j’ai rarement été convoqué aux matchs. Être titulaire pendant ce parcours des championnats de France est inespéré mais c’est à la fois une grande opportunité et une énorme fierté. J’espère maintenant pouvoir jouer cette demi-finale !

Benjamin : J’ai eu la chance d’être au stade lors du match GFA-Toulouse. Le jeu du GFA Rumilly-Vallières était parfait du début à la fin ! Jocelyn : Nous sommes caractérisés par notre grande sérénité et notre vraie solidité défensive. Notre bloc a été difficile à bouger et nous étions efficaces sur les coups de pied arrêtés. Nous avons donné du fil à retorde à Toulouse. Il va falloir s’armer de ces mêmes outils pour la demi-finale maintenant (rire). Benjamin : Justement tu joues avec des joueurs qui ont une grande expérience (Peuget, Leveque, etc…).Qu’est-ce qui est le plus dur à gérer, pour toi, sur un terrain en National 2 ? Jocelyn : Le plus dur serait peut-être la rapidité de la prise d’information au moment où l’on reçoit un ballon et même avant, il faut savoir agir instinctivement et tactiquement. L’anticipation est le mot d’ordre lorsqu’on joue.

Benjamin : Comment te prépares-tu à jouer la demi-finale face à Monaco ? Jocelyn : Déjà physiquement, on se prépare de la même manière c’est-à-dire avec des matchs amicaux, des entrainements 2 à 3 fois par semaine. Ce qui est le plus difficile à gérer c’est la pression médiatique. On attend beaucoup de nous et on n’a pas l’habitude de cela. Nous sommes très sollicités, c’est super pour nous et pour le club, mais en même temps il faut savoir garder les pieds sur terre car le plus dur arrive mercredi prochain. Ce qui est difficile aussi c’est l’absence de supporter mais d’un autre côté on peut plus facilement rester dans notre bulle de concentration.
"J’essaye déjà de garder la tête sur les épaules"
Benjamin : Comment vis-tu l’intérêt que te portent les médias ?
Jocelyn : Comme je le disais, j’essaye déjà de garder la tête sur les épaules. Il ne faut pas oublier que certes, nous sommes dans la lumière aujourd’hui, mais si nous perdons face à Monaco cela va rapidement s’estomper. Alors d’un côté nous profitons du moment parce qu’on ne sait pas si cet exploit va se reproduire un jour mais on sait très bien que ce ne sera pas éternel. Mon entourage et ma vie étudiante avec mes partiels et mes cours m’aident beaucoup à rester serein. Les médias me flattent (je suis passé à la radio et sur Téléfoot) mais il faut garder à l’esprit que la carrière d’un sportif est composée de hauts et de bas. La vérité d’aujourd’hui ne sera peut-être pas la même que celle de demain.

Benjamin : Sur le papier la performance de ton équipe était assez inespérée. Quel conseil pourrais-tu donner à un jeune, afin qu’il prenne conscience que tout est possible ? Jocelyn : Évidement le travail. Je me suis toujours accroché à l’entrainement pour intégrer le groupe. Ensuite je dirais la patience. Pour ma part, je ne regrette pas d’être parti d’Annecy mais je n’avais que 18 ans et ma seule hâte était d’intégrer les grandes équipes et c’était dur de prendre mon mal en patience. A contrario, il faut savoir saisir les opportunités qui s’offre à nous. Benjamin : Vous n’avez fait que 10 matchs cette année en National 2. Comment arrives-tu à expliquer un tel exploit en coupe de France ? Jocelyn : Même pendant les périodes de confinement, nous avons essayé de maintenir un lien au sein de l’équipe (Ndlr : via les réseaux sociaux). Malgré les restrictions sanitaires, nous avons toujours trouvé une solution pour s’entraîner. Par exemple lorsque le couvre-feu était à 18h, nous nous entrainions à 6h matin. Finalement ça nous a plus rapproché qu’autre chose. Le fait qu’il n’y ai pas de match nous a motivé. Nous espérions vraiment accéder au championnat donc nous jouions comme si c’était le dernier match à chaque fois, pour profiter un maximum.

Benjamin : Quelle est la différence entre la National 2 au FC Annecy et au GFA Rumilly-Vallières ? Jocelyn : Dans le jeu il n’y a pas de différence car il y a beaucoup d’intensité dans les deux équipes. Par contre à la différence d’Annecy, presque tous les joueurs du GFA ont un métier à côté. La motivation première est donc de prendre du plaisir et c’est donc plus motivant. C’est peut-être ce qui me manquait à Annecy (Ndlr : le plaisir) au-delà des enjeux économiques et sportifs. Benjamin : Où t’imagines-tu dans 10 ans ? Jocelyn : Mon rêve a toujours été de jouer au plus haut niveau. C’est important de rêver et d’avoir des ambitions. Porter le maillot du Milan AC par exemple (rire). A l’heure actuelle je me sens très bien au GFA Rumilly-Vallières car j’ai trouvé un équilibre entre le sport, mes études, ma famille, les amis, ma copine, donc tout roule pour moi.

Benjamin : Quel est le mot d’ordre de la part du coach pour la suite de la compétition ? Jocelyn : Nous n’avons pas de pression concernant le résultat. Nous voulons juste savourer le moment. Il faudra évidement jouer le match à fond avec nos armes et nos cartes à placer au bon moment. Je suis certain que nous pouvons exister dans ce match voire même créer l’exploit et rêver encore plus grand. Benjamin : Est-ce que la coupe de France était un réel objectif ou juste une opportunité que vous avez saisie ? Jocelyn : Pour le coup la Direction avait une réelle volonté que nous jouions à la Coupe de France. Dès le premier match certains joueurs ont pu avoir des temps de jeu qu’ils n’avaient pas d’habitude, dont moi. Nous avions quand même aligné une équipe compétitive. Au fur et à mesure des annonces sanitaires nous nous sommes rendu compte que la Coupe de France serait la seule compétition maintenue. Nous l’avons donc jouée à fond.

Benjamin : Est-ce que c’est compliqué de s’intégrer avec des joueurs plus âgés et plus expérimentés ? Jocelyn : Je suis deuxième plus jeune du groupe mais cela ne m’a pas empêché de m’intégrer car il y a beaucoup de bienveillance entre les joueurs. J’ai toutefois eu plus de facilité après ma titularisation.
Benjamin : Comment as-tu fait pour te faire remarquer et être titulaire pour la Coupe de France ? Jocelyn : Au début j’ai eu beaucoup de chance car pas mal de joueurs ont été testé positifs. Cela m’a permis de me retrouver titulaire. Je me suis ensuite démarqué sur le terrain pour gagner ma place jusqu’ici. Benjamin : Quels sont les objectifs du GFA Rumilly-Vallières ? Jocelyn : Le GFA Rumilly-Vallières a la volonté de se stabiliser en National 2 avec des saisons pleines avant d’imaginer de monter en National 1. L’objectif aussi pour le club est d’augmenter sa formation et sa préformation.

Benjamin : Si tu as l’occasion d’échanger ton maillot avec un joueur de Monaco, qui choisirais-tu ?
Jocelyn : Pour le prestige je dirais Cesc Fabregas car c’est un champion du monde qui a joué dans les plus grands clubs d’Europe.
Benjamin : Quel métier voudrais-tu faire plus tard ?
Jocelyn : Je m’oriente vers un master EOPS (ndlr : entrainement et optimisation de la performance sportive) dans le but de devenir entraineur ou coach sportif. C’est vraiment ce qui m’anime tous les jours.
Benjamin : Quel est ton meilleur souvenir au football hormis cette année exceptionnelle ?
Jocelyn : Mon année U17 à Annecy. Nous avons eu la chance d’affronter des clubs professionnels et de battre l’Olympique Lyonnais au Parc des Sports d’Annecy. Il y avait de gros noms déjà à l’époque.
Benjamin : Si tu n’avais pas fait de football qu’aurais-tu fait ?
Jocelyn : Je suis un passionné de tennis. Donc sans football je pense que j’aurais au moins fait un sport individuel car d’un point de vue fierté personnelle, c’est assez épatant.
Benjamin : Enfin, qu’est-ce qui pour toi, fait la force du GFA Rumilly-Vallières ?
Jocelyn : Je dirais la cohésion de groupe et cette sérénité à aborder les matchs sans se mettre de pression.
Fait le 6 mai 2021 par Benjamin Deschamps. Design du site par Lucie Vanlian. Tous droits réservés.
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