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Candice Rolland : " Vivre et les commenter les matchs au plus près, c'est un plaisir absolu"

  • Photo du rédacteur: Benjamin Deschamps
    Benjamin Deschamps
  • 8 juin 2021
  • 6 min de lecture

Partons à la découverte de Candice Rolland, commentatrice de matchs de football pour L'Equipe et RTL. A travers cette interview, admirez son amour pour le sport et plus particulièrement le football, mais également sa passion pour ce métier exigeant, qui ne laisse pas le droit à l'erreur.



Benjamin : Peux-tu te présenter en quelques mots ? Candice : Je m’appelle Candice Rolland, je suis commentatrice et cheffe d’édition à la chaîne L’Équipe et cela fait maintenant 13 ans que j’évolue dans ce groupe. J’ai démarré sur RTL l’Équipe, petite radio 100% sport fondée en ligne par RTL et L’Équipe il y a une quinzaine d’années. Ensuite, je suis passée par RTL, Orange Sport et petit à petit au sein de l’équipe TV, puis l’équipe 21, puis la Chaine L’Équipe.


Benjamin : Qu’entends-tu par « cheffe d’édition » ? Candice : C’est la personne qui est à la régie et qui élabore l’émission tout au long de la journée avec le présentateur ou la présentatrice et les assistants. C’est un peu le chef d’orchestre au moment du direct. Nous devons faire le lien entre le côté rédactionnel et technique (plateau et régie). Ce rôle nécessite d’avoir les yeux rivés sur tout et en même temps, pour que tout soit coordonné à la perfection. Par exemple lorsqu’une information tombe pendant l’émission il faut être au courant et la traiter en directe.

Benjamin : Comment t’es-tu retrouvé à présenter des matchs de football ? Candice : C’est vraiment quelque chose que je voulais faire depuis que j’étais toute petite. Je ne l’avais jamais vraiment formulé dans mon parcours scolaire mais une fois arrivée en stage de fin d’étude au sein de RTL l’Équipe, je me suis dis « bon bah ça y est tu y es ». J’ai formulé très vite mon envie de commenter car c’était mon but ultime. Je ne souhaitais pas faire transparaitre ma « MOI profonde » timide et passive. Je suis donc allée voir la direction pour leur demander de me laisser commenter. C’était une petite radio de jeunes qui m’ont fait confiance en me donnant cette opportunité. Par la suite, cela a été entendu par la chaine l’Équipe puis d’autres chaines et tout s’est vite emballé.

"Si une vanne me vient pendant un match je la sors naturellement"

Benjamin : Comment est-ce que tu te prépares pour commenter un match ?


Candice : C’est très variable. Là par exemple, je suis en train de préparer les matchs de préparation à l’EURO 2020 pour lesquelles on a des images.

Les matchs internationaux me demandent 4 à 6h de préparation car c’est très important pour moi de connaitre des petites statistiques récentes pour chaque joueur.

Pour les grandes soirées comme la Ligue des Champion, où les images ne sont pas diffusées, par exemple PSG-Bayern, Nous connaissons les joueurs par cœur donc la préparation est différente puisqu’elle est plus courte et plus facile. Il faut quand même rester attentif à toute la presse et toutes les actualités du football afin de pouvoir s’en servir en direct.



Benjamin : Est-ce qu’il y a une technique différente de commentaire entre un match filmé et non filmé ?


Candice : Oui, la technique de commentaire est différente, c’est sûr parce que lorsque nous ne sommes pas filmés nous devons commenter de façon très descriptive les actions avec très peu de temps mort et beaucoup de détails sur les attitudes des joueurs. En revanche, lorsque nous sommes filmés, le téléspectateur est à la même place que nous. Nous ne sommes pas sur place donc notre rôle est d’apporter un plus aux téléspectateurs. Par exemple des statistiques, des actualités et chiffres clés qui ne sont pas visibles en direct, afin qu’ils comprennent le match et les attitudes des joueurs.


Benjamin : Est-ce qu’il y a une part d’improvisation dans le direct ou certaines phrases sont préparées ? Candice : Pour être franche je ne prépare aucune phrase à l’avance sauf pour le début d’un match. Au coup d’envoi j’aime préparer une citation d’un joueur/sélectionneur/entraineur, afin de donner le ton du match. Je déteste préparer certaines formules ou jeux de mot. Si une vanne me vient pendant un match je la sors naturellementet puis, comment se préparer à l’imprévisible ? Si je n’ai pas parlé d’une statistique que j’avais préparé ce n’est pas grave. Si je ne l’ai pas dit c’est que ce n’étais pas naturel. Sur un but rien ne vaut le direct. C’est ça qui est beau et c’est ça qui me fait vibrer. Cette spontanéité et cette prise de risque, c’est ça qui est bon dans le métier de commentateur sportif.


Benjamin : Est-ce que quand tu commentes la radio filmée avec Yoann Riou, est-ce que vous arrivez à être fluide ? Candice : C’est très naturel entre nous et ce depuis toujours. Comme j’ai commencé par la radio j’ai tout de suite été à l’aise avec ce programme. Yoann adorait les à-côtés, raconter les histoires et les anecdotes alors que je décrivais l’action. Je savais qu’il avait des choses à dire. Au fur et à mesure son commentaire a changé. Nous sommes aujourd’hui deux commentateurs avec de la description pure. Nos temps de parole sont vraiment fluides et naturels. C’est un vrai partage et un vrai échange, comme au tennis de table.

"J’ai tenté ma chance et j’ai saisi des opportunités mais même si cela peut paraitre égoïste, je n’en avais rien à faire d’être la seule femme."

Benjamin : Tu es quand même l’une des rares femme à commenter le football. Comment expliques-tu ce manque de présence féminine et comment le vis-tu ? Candice : A mon avis c’est qu’il n’y a pas forcément eu de modèle. D’un autre coté je n’ai pas encore croisé de femme journaliste souhaitant passer dans le commentaire sportif. Parce que peut-être que ça ne les intéresse pas ou que dès le départ il n’y a pas eu de modèle lorsqu’elles étaient petites. Aujourd’hui il commence à y avoir plusieurs commentatrices au sein de plusieurs chaines télévisées donc je suis persuadée que cela va évoluer. La société d’aujourd’hui s’oriente de plus en plus vers le « quoi que tu veuilles faire, fais-le ». Lorsque je suis arrivée à Paris c’était mon ambition. J’ai tenté ma chance et j’ai saisi des opportunités mais même si cela peut paraitre égoïste, je n’en avais rien à faire d’être la seule femme. À partir du moment où la compétence existe il n’y a pas de raison que l’on mette de côté une femme parce que c’est une femme. Ce n’est pas une situation normale. Je ne me suis pourtant jamais vu comme porte drapeau pour cette cause. Aujourd’hui, être une femme et commenter devient moins surprenant et avec du recul, c’est là qu’est ma victoire.


Benjamin : Depuis tes débuts à L’Équipe, as-tu remarqué une amélioration de la considération de la femme dans les médias et le football ? Candice : Je pense que oui, même si je n’ai jamais été dévalorisée ou rabaissée parce que j’étais une femme. Je ne l’ai jamais vécu mais je comprends tout à fait que cela puisse être très dur pour certaines personnes. Je pense que la considération de la femme a évolué puisque j’ai eu des directions qui m’ont fait confiance. C’est donc le symbole que mes compétences ont été mises en avant à leurs justes valeurs. Aussi, d’autres directions ont fait confiance à des femmes remarquables et inattaquables sur leurs compétences sur des postes variés et travers de multiples sports.


Benjamin : Où te vois-tu dans les prochaines années ? Candice : Très sincèrement je n’ai pas de plan B. je ne me vois à nul autre endroit que dans le sport. J’aime ce que je fais et je ne m’en lasse pas. Toutefois, je rêverais de commenter les Jeux Olympiques. De nos jours c’est très compliqué de se projeter et de toute façon j’aime ce présent.



Benjamin : Quel a été ton meilleur souvenir ? Candice : Lorsqu’on a fait quelques déplacements pour la première Ligue des Nations en 2019. A chaque fois que je m’installais sur mon poste de commentateur, que je prenais mon casque, que je le mettais sur mes oreilles, je me disais « voilà c’est ça, c’est pour ça que j’ai bossé, c’est pour ça que j’ai attendu, c’est pour ces moment-là que je suis ici, c’est pour la récompense et le kiffe absolu ». Il y a eu aussi la Coupe du Monde féminine que j’ai commenté sur place pour RTL. J’aime les déplacements et les commentaires sur place. Vivre les événements au plus près et les commenter depuis le stade c’est un plaisir absolu.


Benjamin : A choisir tu préfères commenter un match en direct à la télévision ou commenter au sein d’une radio filmée ? Candice : Les images, on fait de la télé, des images ! (Rires)

Benjamin : Quels sont les qualités pour réussir dans ce domaine ? Candice : Il ne faut pas oublier que le plus important c’est le match. Nous ne devons pas passer avant. Les gens viennent voir les joueurs, l’événement. Nous sommes là pour accompagner le téléspectateur. Notre rôle est de faire vivre un bon moment au public et une expérience unique. De plus, étant une femme, il faut travailler sa voix. Je suis consciente que les femmes ont une voix qui n’est pas forcément en adéquation avec le commentaire et le micro mais j’ai envie de dire à toutes ces personnes rétissantes : faites-nous confiance ! Benjamin : Qu’est ce qui est le plus dur à gérer quand tu commentes en direct ? Candice : Je dirais de rater le commentaire d’un but. Il faut mettre de l’émotion sans donner de statistiques. Avec les réseaux sociaux chaque but est retransmis donc il vaut mieux éviter de faire des flops (rires).


Le 8 juin 2021. Propos récoltés par Benjamin Deschamps. Mise en forme par Lucie Vanlian. Tous droits réservés






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