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Safi N'Diaye ou la wonderwoman du rugby français

  • Photo du rédacteur: Benjamin Deschamps
    Benjamin Deschamps
  • 29 juin 2021
  • 5 min de lecture

Meilleure joueuse française en 2014, Safi N'Diaye représente dignement le rugby féminin. Avec plus de 80 sélections en équipe de France, elle est non seulement joueuse à haut niveau, mais également engagée avec Provale : "l’union des joueurs de rugby, en charge de défendre les droits et intérêts des joueurs professionnels ainsi que des joueuses, évoluant sur l’ensemble du territoire français."


Benjamin : Peux-tu te présenter rapidement ? ​Safi : J’ai 32 ans, je suis actuellement joueuse du MHR en 3ème ligne mais aussi internationale au XV de France feminin. J’ai déjà effectué 88 sélections et pratique le rugby depuis 20 ans. Benjamin : Qu’est-ce qui t’a amené à pratiquer le rugby ? Était-ce une vocation ? Safi : Je suis dans la région du Tarn où le rugby est très implanté. Beaucoup de membres de ma famille pratiquent le rugby voire le sport en général. J’ai commencé à jouer à l’école puis je me suis rapidement inscrite dans un club pour en faire plus régulièrement, et c’est devenu une passion. Benjamin : Qu’est-ce qui te fascine le plus dans ce sport ? Safi : Ce qui me fascine c’est d’arriver à jouer à 15 filles sur un terrain, à se comprendre et à s’écouter et à pouvoir jouer ensemble. C’est un sport très intense tout comme les sports de combat. C’est en même temps beaucoup de tactiques et de techniques ajoutées à beaucoup d’engagement physique. C’est l’alliance entre le combat et l’intelligence qui m’a beaucoup plu.



Benjamin : Quand tu as commencé à côtoyer le haut niveau, est-ce que tu aurais pensé que le rugby féminin puisse avoir une place aussi importante aujourd’hui ? Safi : Non pas du tout. A l’origine c’était le pur plaisir de jouer avec des copines, et au fur et à mesure mon esprit de compétition m’a permis de gravir les échelons. J’ai maintenant la chance de pouvoir jouer de gros matchs sur de grosses compétitions et c’est hyper plaisant. Gagner des titres pour son club et pour l’équipe de France c’est hyper gratifiant. J’ai moi-même vécu la grosse évolution en 10 ans : le niveau des joueuses, l’encadrement de sportives de haut niveau, les infrastructures et la médiatisation ainsi que nos conditions d’entrainements. Benjamin : Comme tu le disais, le rugby féminin suscite de plus en plus d’intérêt et commence à être de plus en plus médiatisé. Trouves-tu cela suffisant ? Safi : Plusieurs de nos matchs sont retransmis sur Eurosport, c’est une grande évolution surtout pour les matchs de l’Équipe de France diffusés sur France 2. Notre sport évolue dans le bon sens même si nous pouvons toujours faire mieux. Chaque année un cap est franchi.


"Je pense que les dix prochaines années seront très belles pour le sport féminin."


Benjamin : Comment se positionne la professionnalisation du rugby féminin français par rapport aux autres pays ?

Safi : En France il n’y a aucun club professionnel. Certaines filles dont le statut est professionnel ont un contrat directement avec la fédération. Dans les autres pays, je sais qu’il y a des clubs professionnels mais c’est encore très rare. En Angleterre, cela fait 2 ans que les sponsors sont très importants donc les matchs sont bien médiatisés. Je pense qu’en équipe nationale il y a eu un gros travail de la part de la fédération. Dans les clubs, c’est en cours, surtout pour de la semi-professionnalisation. Les filles doivent jongler avec les entrainements quotidiens et leurs métiers/études. Pour pouvoir évoluer sportivement au niveau de la récupération, de la prise en charge des joueuses, il va falloir travailler sur le plan de communication et de développement des clubs. Il faut structurer cela et égaliser les chances d’un club à l’autre.


Benjamin : Depuis que tu es en Équipe de France, est-ce que tu as pu noter une évolution dans l’accompagnement des joueuses et dans la considération de la femme dans le rugby ?

Safi : Totalement. Nous avons des contrats depuis 2 ans. C’est une révolution. Avant je travaillais 40h par semaine et je posais des congés sans solde pour jouer en Équipe de France. Depuis deux ans, nos vies ont complètement changé. Il y a des pôles féminins, des U10, des académies et des sections sportives spéciales féminines. L’évolution est donc énorme. Nous allons chercher les joueuses en U18, la fédération a communiqué sur un plan d’évolution complet pour le rugby féminin français. Ça va dans le bon sens !



Benjamin : Est-ce que tu penses que le rugby masculin et le rugby féminin pourraient être un jour au même pied d’égalité en termes de médiatisation ?

Safi : Je ne sais pas. Je pense qu’il ne faut pas être dans le comparatif. Si nous gagnons des titres, nous aurons la visibilité que nous méritons. Cela est bien plus profond que le sport même si tout est planifié pour que les mentalités évoluent, il faut éviter de comparer car cela implique des facteurs qui vont au-delà du sport.


"Chacun a son caractère, ses différences mais il n’y a pas de jugement. Peu importe ton gabarit, il y a de la place pour tout le monde."

Benjamin : Est-ce que tu as vu une évolution sur la manière de t’entrainer ?

Safi : Oui, énorme. Je le vois sur toutes les phases de préparation de début de saison. Tout est de plus en plus pointu et personnalisé en fonction de notre poste et de notre condition physique. Nous sommes suivies par des GPS à tous les entrainements, avec des préparateurs physiques spécialisés. Nous avons des séances de musculation quotidiennes. Il y a beaucoup plus de préparations physiques ciblées nous permettant de tenir un match. Le rugby nécessite d’être endurant, rapide, lucide. Il y’a des phases de conquêtes beaucoup plus importantes. Le travail de la mêlée est de mieux en mieux travaillé. Le haut niveau est incarné dans le détail. Nous pouvons parler de jeu à haute intensité.



Benjamin : Tu joues au MHR. A quoi ressemble tes semaines d’entrainement ?

Safi : Nos semaines ne sont pas faciles puisque nous avons notre vie professionnelle à côté de notre vie sportive. Cela fait des semaines très chargées qui peuvent engendrer des blessures ou des problèmes de vie de famille. Ce n’est pas évident. Nous nous entrainons de plus en plus donc nous allons sûrement partir sur un mi-temps pour garder un pied dans la vie active tout en aménageant notre emploi du temps. Notre équilibre sportif, personnel et professionnel doit être atteint pour jouer correctement.


Benjamin : Où te vois-tu dans 10ans ? Penses-tu à la reconversion ?

Safi : J’espère être toujours dans le milieu du rugby que ce soit bénévolement ou professionnellement parlant. Je souhaite aussi participer à l’évolution et à la profession de ce sport.



Benjamin : Comment vois-tu le futur du rugby féminin ?

Safi : Avec tout ce qui est mis en place et l’évolution constatée depuis 10 ans, je pense que tout sera plus structuré, les joueuses seront mieux prises en charge et le niveau de jeu sera beaucoup plus performant qu’actuellement. Il y aura sûrement une division professionnelle ou semi-professionnelle à part entière. Je pense que les dix prochaines années seront très belles pour le sport féminin.


Benjamin : Quelles sont tes missions avec Provale ?

Safi : J’ai diverses missions de prises de décision pour parler des conditions sanitaires, de la diffusion des matchs, du protocole… on en discute avec tous les joueurs et les salariés de Provale. Nous sommes aussi représentants des joueurs lors des commissions. Il y a un vrai travail de discussion et de débat pour notre sport !


Benjamin : Comment arriverais-tu à convaincre une jeune fille à venir essayer le rugby ?

Safi : Je lui dirais de venir essayer et voir si ça lui plait. Viens t’amuser, viens jouer avec nous, peu importe ton niveau, tu vas rire, apprendre plein de choses, transpirer et puis tu verras en fin de séance si tu as aimé ! L’état d’esprit fera le reste. Chacun a son caractère, ses différences mais il n’y a pas de jugement. Peu importe ton gabarit, il y a de la place pour tout le monde.


Le 29 juin 2021. Propos récoltés par Benjamin Deschamps. Designed by Lucie Vanlian. Tous droits réservés



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