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Ugo Crousillat, comme un poisson dans l'eau

  • Photo du rédacteur: Benjamin Deschamps
    Benjamin Deschamps
  • 13 juil. 2021
  • 5 min de lecture

International français et monténégrin, Ugo Crousillat est l'un des piliers du Waterpolo sur la scène européenne. Couronné à plusieurs reprises sur différents championnats (France, Hongrie, Monténégro) et en Ligue des Champions, il revient sur son parcours, ainsi que sur son sport, relativement méconnu de la plupart des français.


Peux-tu te présenter ?


Je suis né en 1990 à Marseille et j’ai d’ailleurs été formé au Cercle des Nageurs de Marseille. J’ai beaucoup bougé : j’ai joué en Italie à Brescia, au Monténégro, en Hongrie et à Aix-en-Provence. Depuis 2019 je suis de retour à Marseille. J’ai également joué pour l’équipe nationale du Monténégro entre 2013 et 2015. Concernant mes plus gros titres, j’ai été en Champions League avec mon club hongrois en 2017, j’ai gagné 6 fois le championnat de France et j’ai participé aux JO de Rio avec l’Équipe de France. Ma particularité par rapport à mon poste d’ailier droit est que je suis gaucher. L'équipe est composée de la même manière qu'au handball : il y a un gardien, 6 joueurs de champs, 5 en arc de cercle et un pivot.

"Le waterpolo est un sport aquatique et l’humain n’est pas fait pour évoluer dans l’eau"

Comment as-tu pu jouer avec l’équipe du Monténégro et avec l’équipe de France ?


J’ai commencé en Équipe de France quand j’avais 18 ans. Je suis parti jouer dans un club au Monténégro lorsque j’avais 21 ans. Ça s’est super bien passé et ils m’ont proposé de prendre un passeport pour intégrer l’Équipe du Monténégro, l’une des plus grandes nations de waterpolo. A ce moment-là, plusieurs points m’avaient déçu en Équipe de France. Lorsque le Monténégro m’a fait les yeux doux, j’ai donc accepté de les rejoindre pour faire les championnats du monde avec eux. J’ai ensuite décidé de revenir avec l’équipe de France en 2015 après avoir eu un beau palmarès de jeu.



Qu’est-ce qui t’as amené à pratiquer le waterpolo ?


C’est une tradition familiale. Mon père et mon oncle ont fait les Jeux Olympiques de Séoul. Depuis tout petit, je suis au Cercle des Nageurs de Marseille. Deux sports sont enseignés : la natation et le waterpolo. Je baigne dans ce sport depuis toujours et j’ai toujours préféré les sports collectifs.


C’est un sport physique et vivace mais peut-on dire que le waterpolo est un sport ingrat ?


Oui, c’est un sport aquatique donc l’humain n’est pas fait pour évoluer dans l’eau. Quand on arrête ne serait-ce que 4/5 jours, les appuis de notre corps sont déboussolés. Lorsqu’on s’entraine vraiment dur pendant des mois et que l’on s’accorde quelques jours de repos, la reprise demande quelques jours de réadaptation pour retrouver le bon rythme et les bons appuis. C’est horrible de reprendre ! (Rires)



Quelles sont les règles du waterpolo ? Est-ce que tous les coups sont permis ?


Il est interdit de frapper un joueur. Il y a tout de même des coups sous l’eau, un adversaire qui t’attrape le maillot, les coups de pieds dans le ventre ou l’entre-jambe… cela reste compliqué à sanctionner pour l’arbitre car ces fautes ne sont pas toujours visibles. Un joueur qui met une droite hors de l’eau à un joueur prend des suspensions comme au rugby.


J’ai cru comprendre qu’au waterpolo vous n’aviez pas pied. Comment faites-vous pour prendre de la hauteur et tirer ?


Nous n’avons pas pied, 95% de notre puissance vient des jambes. Le public ne le voit pas en nous regardant surtout lors des duels. Tout est dans les jambes. Si nous sommes en position verticale nous sommes bloqués. Il faut être tout le temps allongé en position horizontale, pour pouvoir résister à un duel. Pour tirer et prendre de la hauteur il y a bien sûr le bras d’appui pour se stabiliser mais comme je te le disais, ce sont les jambes qui t’aident à monter à 95%.



Lors des matchs, il faut à la fois rester en surface, gérer le ballon, son souffle, la communication, etc…comment arrives-tu à rester lucide avec tous ces facteurs ?


Je pense que comme tous les autres sports, l’entrainement, l’expérience et le travail aident à rester lucide. Nous nous entrainons 2 fois par jours.


"Si je joue au waterpolo c’est pour être au top niveau"

Entre le bruit de l’eau, la résonnance, le public, avez-vous du mal à communiquer en bassin ?


Notre tête est hors de l’eau à 95% de temps justement pour analyser et anticiper le jeu donc c’est assez facile de communiquer, il suffit d’avoir la voix portante.


Ce sport est assez méconnu en France, comment expliques-tu cela ?


Je dirais que c’est une question de tradition nationale. En France il y a des sports qui prennent beaucoup plus de place et contrairement à la Hongrie, je trouve qu’il n’y a pas beaucoup de piscine. En Hongrie tous les sports aquatiques ont une place majeure. Si on veut que le waterpolo soit médiatisé, il faut avoir de gros résultats sportifs nationaux dans des compétitions majeures. Nous l’avons ressenti lorsque nous nous sommes qualifiés pour les Jeux Olympiques. Cet engouement s’est vite essoufflé à la suite des Jeux puisque nos résultats n’ont pas suivi. Nous travaillons sur cela pour les Jeux de Paris 2024.



Est-ce que les styles de jeu sont différents d’un pays à l’autre ?


Oui, la France a souvent eu des entraineurs provenant des pays de l’Est. Nous avons donc un jeu de ce style-là. Les Hongrois sont des attaquants et ne craignent pas de prendre des risques. Génétiquement ils sont très costauds.


A quoi ressemblent tes journées d’entrainement ?


On fait de la musculation, du waterpolo et de la natation puisqu’un joueur de waterpolo de haut niveau doit savoir nager vite. La charge d’entrainement va évidemment varier en fonction de la saison et des types de compétitions préparées. Nous avons des journées types avec une séance de musculation le matin, 2h dans l’eau le matin et le soir.


Où te vois-tu dans les années à venir ?


Je commence de plus en plus à penser à la reconversion car j’ai 30 ans. Je me fixe déjà l’objectif d’aller aux Jeux Olympiques de Paris 2024. J’ai également l’envie de jouer tant que je me sens bien physiquement et que je prends du plaisir. Je suis un passionné et ne veux pas jouer pour m’enrichir mais simplement parce que j’aime ce sport. Si je joue au waterpolo c’est pour être au top niveau. Depuis cette année j’ai aussi commencé une formation en ligne pour devenir agent de joueur de football. Cette formation n’est pas une finalité pour moi mais je veux rester dans le monde du sport mais pas forcément dans le waterpolo.


Quelles qualités sont nécessaires pour être un bon joueur de waterpolo ?


Je dirais que pour démarrer le waterpolo il faudrait avoir un bon physique, la taille, et être un bon nageur. Après il y a le mental et la passion.


Comment arriverais-tu à convaincre un jeune de venir essayer le waterpolo ?


Je dirais que c’est un sport avec de vrais valeurs proches du rugby et du handball. Le côté esprit d’équipe, ludique, engageant et complet. Venez essayer vous verrez !


Le 13 juillet 2021. Propos récoltés par Benjamin Deschamps. Mise en forme par Lucie Vanlian. Tous droits réservés





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